Double-D Productions (La Petite Fille aux Allumettes, Kid Manoir, Hansel et Gretel) nous propose cet hiver un nouveau spectacle musical pour petits et grands au théâtre Mogador : Les Aventures de Tom Sawyer, inspiré du roman éponyme de Mark Twain (1876).
Sur les bords du Mississippi, Tom Sawyer est un enfant turbulent qui n'a pas sa langue dans sa poche. Amoureux de Becky Thatcher, la fille du juge du village de Saint-Petersburg, il est élevé par sa tante Polly qui essaie tant bien que mal de l'éduquer. Un jour, il fait la rencontre de Huckleberry Finn, un jeune marginal qui remonte le fleuve sur un radeau. Entre les deux garçons naît une amitié solide qui sera mise à l'épreuve lorsqu'ils deviendront les témoins d'un meurtre. Parviendront-ils à innocenter l'ivrogne accusé à tort ? Trouveront-ils le trésor, mobile de ce terrible assassinat ? Enfin, Tom ravira-t-il le cœur de la belle Becky ?
Toutes ces questions montrent la richesse du livret (à tel point que je me suis mis à relire le roman de Mark Twain). Ici pas de poncifs ni de phrases toutes faîtes. Les enfants, cœur du public ciblé, sont considérés comme des êtres intelligents, capables de comprendre tous les rebondissements de la trame narrative. Et cela fonctionne extraordinairement bien : ils sont captivés du début à la fin de ces deux heures de chants et de danses.
Alors que l'on retrouve pour mon plus grand plaisir le duo Julien Salvia et Ludovic-Alexandre Vidal (La Petite Fille aux Allumettes, Raiponce ou le Prince Aventurier) aux musiques, livret et paroles, c'est David Rozen qui met en scène le spectacle. La musique est tout ce que j'aime : entraînante, entêtante, avec de grandes inspirations Broadway. La I want song "Ma grande aventure" tourne en boucle dans mes écouteurs depuis ce week-end, aussi grâce aux formidables arrangements musicaux de Larry Blank et Antoine Lefort. La mise en scène, ultra-millimétrée et sans temps morts, est elle aussi à la hauteur. Je pense notamment à la scène où Tom et ses amis repeignent la palissade de sa tante Polly, dont les chorégraphies m'ont beaucoup fait penser à Newsies.
La production n'a pas lésiné sur les moyens : les décors sont abondants et de très bons goûts (un parquet recouvrant le plateau de Grease permet au spectateur de s'immerger totalement dans l'univers de Tom Sawyer, un radeau téléguidé, des maisons en bois et des toiles peintes complétant le tout) ; le son est également d'excellente qualité, tant pour la PBO (enregistrée avec l'orchestre des Frivolités Parisiennes) que pour la captation des voix.
En termes de casting, Harry Hamaoui nous livre un Huckleberry Finn très réussi. Il vole presque la vedette à Jimmy Costa-Savelli (Tom Sawyer), pourtant très convaincant lui aussi. Emouvante et inspirante, la toute dernière scène, d'inspiration Billy Elliot, est une formidable scène d'adieux entre les deux amis.
Bref, j'ai absolument adoré ce Tom Sawyer, qui est pour moi le spectacle familial de la saison. J'ai déjà hâte de découvrir la prochaine création de Salvia et Vidal !