Le Théâtre de la Madeleine présente une adaptation française d'une comédie musicale iconique des années 2010 à Broadway : Cher Evan Hansen.
La comédie musicale Dear Evan Hansen a été créée en 2015 à Washington. Le spectacle a ensuite été transféré à Broadway où il a rencontré un fort succès, ce qui a permis la création d'une production parallèle à Londres en 2019. La comédie musicale remportera au total six Tony Awards, un Grammy Award et trois Olivier Awards, et révèlera son interprète principal : Ben Platt.
Dear Evan Hansen raconte l’histoire d'Evan, un ado anxieux et isolé, dont une lettre est retrouvée sur Connor, un camarade qui s’est suicidé. Tout le monde croit qu’ils étaient amis, et Evan se laisse emporter par le mensonge. Peu à peu, il devient un symbole d’espoir avant que la vérité ne refasse surface.
Produire cette comédie musicale en France m'a semblé un choix audacieux. Les thèmes abordés, comme la dépression, le deuil et l'anxiété sociale, sont assez loin de la représentation que se fait le public français d'une comédie musicale. Alors, le pari est-il réussi ?
Dear Evan Hansen, c'est tout d'abord un livret remarquable, signé Steven Levenson. La trame narrative est exemplaire, chaque scène fait avancer l'histoire et quasiment tous les personnages évoluent au fil du récit. J'avais été bouleversé par ce spectacle quand j'y avais assisté à Broadway. Je l'ai été tout autant lors de cette soirée parisienne. L'adaptation des chansons en français, signée Hoshi, est une vraie réussite. L'adaptation des dialogues m'a semblé moins idiomatique mais ne gâche en rien l'émotion.
Dans la salle, le public pleure beaucoup, mais rit aussi beaucoup. Cette transmission d'émotions est rendue possible grâce au talent des comédiens. Même si Antoine Le Provost ne bénéficie pas de l'amplitude vocale de Ben Platt, il propose une version d'Evan très convaincante. Ce rôle est particulièrement difficile à jouer, et il s'en sort avec brio. J'aimerais mentionner également Antoine Galy dans le rôle de Connor et Lou Nagy dans celui de Zoé. J'ai adoré l'interprétation du premier, quand à Lou, sa performance vocale m'a bluffé.
Pour moi, le bémol de cette production est sa scénographie. On est très loin de Broadway. Même s'il est évident que l'investissement financier n'est pas le même, j'ai regretté que les rares éléments de décors (qui font fortement penser à Two Strangers (Carry a Cake Across New York)) et les lumières n'aient pas été conçus avec plus de soin. Il n'est pas rare que les personnages se retrouvent dans le noir, ou que les lumières manquent de sobriété. Une grande partie du budget a du passer dans les écrans de fond de scène, qui comme souvent au théâtre, ne m'ont pas convaincu.
Malgré cette déception, le pari de faire découvrir Dear Evan Hansen au public français est réussi. Les musiques de Benj Pasek et Justin Paul sont toujours aussi efficaces, et le choix de les faire interpréter par un orchestre live est à souligner. Les comédies musicales de Broadway sont encore trop rares en France et je trouve formidable qu'un producteur ait eu le courage d'adapter une oeuvre comme celle-ci, avec des comédiens aussi talentueux.
Cher Evan Hansen est à l'affiche du théâtre de la Madeleine jusqu'au 23 novembre puis pour quelques dates courant décembre et janvier.
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