Lors de mon dernier séjour londonien, j'ai assisté à une représentation du revival off-West-End de la comédie musicale Pacific Overtures de Stephen Sondheim (musiques et paroles) et John Weidman (livret).
Pacific Overtures a été créé en 1976 à Broadway et a été la première collaboration entre Sondheim et Weidman, avant Assassins et Road Show.
Il s’agit certainement du spectacle de Stephen Sondheim le moins souvent joué. Les raisons en sont nombreuses : le sujet (j'y reviens plus bas) mais aussi le fait qu’il nécessite une troupe conséquente et composée de très nombreux hommes asiatiques (les rôles féminins devaient être joués par des hommes, comme dans le théâtre Kabuki traditionnel). C’est pour ces raisons que la comédie musicale est le plus souvent interprétée par des compagnies d’opéra.
La version présentée actuellement à Londres est la version révisée de 2017. Le livret a été expurgé, les orchestrations ont été retravaillées, deux chansons ont été retirées, les rôles féminins sont interprétés par des femmes et la troupe a été limitée à une dizaine d’acteurs.
Pacific Overtures aborde un sujet historique assez méconnu en Europe : l’ouverture du Japon à l’influence occidentale. L’histoire débute en 1853, lorsque les Etats-Unis envoient des navires de guerre pour forcer les dirigeants japonais à signer un accord commercial. Le spectacle se termine avec la prise de pouvoir de l’empereur Meiji en 1868, qui marquera une ère de développement sans précédent pour le pays du Soleil levant.
Présenté comme un spectacle difficile d’accès, j’ai trouvé cette production plutôt facile à suivre. Le livret est très bien construit, car il mélange l’histoire avec un grand « H » avec celle de deux personnages qui vont tisser une relation d'amitié. Quelques touches d’humour, comme les chansons Someone in a Tree – la chanson favorite de Soundheim parmi toutes celle qu’il a écrit - et Please Hello, apportent un peu de légèreté. D'ailleurs, la musique de Sondheim est un gros point fort du spectacle !
Cependant, Pacific Overtures n'est pas le meilleur spectacle joué à Londres en ce moment. J’ai trouvé le dispositif de mise en scène bi-frontal (une première pour moi pour une comédie musicale) n’apportait pas grand-chose. Côté esthétique, j’ai été très déçu. Je m’attendais à voir un spectacle très léché, mais les décors sont presque inexistants, les lumières sont plutôt cheap et certaines idées de mise en scène sont carrément moches, comme le bateau du commodore Perry ou les costumes des ambassadeurs occidentaux.
Bref, ce Pacific Overtures est un spectacle à réserver aux fans absolus de Soundheim !