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Les Dix Commandements à la Seine Musicale (Paris)

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La comédie musicale Les Dix Commandements est de retour à Paris, à la Seine Musicale. C'est la première fois que j'assiste à cette comédie musicale créée en 2000. Mon avis.

Le rideau s’ouvre sur une rétrospective en images. À rebours et à l’accéléré, nous remontons le temps des guerres de l’humanité : de 2024 à moins 1300. Puis les tableaux s'enchaînent pendant presque trois heures, sans aucun passage dialogué. A chaque tableau : une chanson, une projection en fond de scène, un ou plusieurs chanteurs, et beaucoup (trop ?) de danseurs.

La nouvelle distribution nous permet de découvrir des voix puissantes. David Lempell interprète Ramses avec nuance et profondeur. Benjamin Bocconi propose un Moise charismatique. Mais la perle vocale de ces Dix Commandements est Margaryta Buisan, qui sous les traits de Sephora, nous livre une tessiture chaude et ciselée.

Mention spéciale à Valentina Davoli pour les costumes. Les coiffes égyptiennes scintillent et les étoffes des hébreux luisent de multiples nuances. La robe à cerceau noire et blanche, style derviches tourneurs est envoûtante. Les chorégraphies de Guiliano Peparini sont très modernes et déstructurent les corps, dans un mélange urbain de lock et de hip-hop bienvenu.

Pourtant je reste perplexe quant au rendu final de ce spectacle. Les danseurs sont toujours présents sur scène, sans qu'on arrive toujours à comprendre le sens de cette présence. Les décors sont inexistants ou presque. Hormis une tête en plâtre et quelques caisses en bois, tout n’est que projections vidéos. D’aucuns diront que les mappings sont de qualité… mais assez répétitifs et décevants à la longue.

Mais le plus gènant à mon sens est le manque de clarté de ce récit de l’histoire du peuple Hébreu. Il manque des scènes essentielles à la clarté des propos. Je crains fort que le jeune public ait été plus que perdu dans la compréhension de l'histoire. Les percussions, coups de tonnerre, qui ponctuent chaque scène, sont inutiles et insupportables à la longue. Parmi les incohérences, je n’ai pas compris non plus pourquoi la chanson Mon Frère est bombardée sans raison après l’ouverture de la mer par Moise...

Certes l’instant hommage à Daniel Levy, mort à l’âge de 60 ans en 2022, est touchant. L’écoute d’une piste à capella de L'Envie d'Aimer, enregistrée par le chanteur disparu, met le public face à une scène vide. Seule une douche de lumière blanche, rappelle la trace du premier Moise artiste. Tout comme Moise sauvé des eaux, ce moment hors du temps aurait pu sauver le spectacle.

Mais cet instant hommage n’efface pas les maladresses voire les erreurs de conception de ces Dix Commandements. Ainsi, lorsque les cordes sont tirées pour entrouvrir le rideau de scène, seul le public placé au centre de la salle accède au spectacle. Les sections droites et gauches (j'en faisais partie) restent à l’aveugle.

Les chanteurs se produisent sur un play-back orchestre clairement généré par ordinateur, d'une qualité médiocre. Aucune transition n'a été pensée pour fluidifier l'enchaînement des tableaux, très souvent ponctués d'un "noir" de plusieurs secondes... qui casse inévitablement le peu de rythme du spectacle.

Enfin, hormis quelques chansons emblématiques d'une partition composée par Pascal Obispo, nombreuses sont celles assez répétitives et sans grand intérêt.

Les citations de paix, qui rythment les saluts de tous les artistes habillés de blanc, n’y feront rien. Hormis pour les costumes et pour le tableau La Peine Maximum, très bien mise en scène et chorégraphiée, ces Dix Commandements m'auront ennuyé. Sur le même thème, je ne pourrais que recommander la comédie musicale The Prince of Egypt de Stephen Schwartz, dont une captation vidéo a été réalisée il y a quelques années.

Les Dix Commandements se joue jusqu'au 27 juin 2024 à la Seine Musicale puis poursuit sa tournée à travers la France.

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