Critique : Chambre 113 au Théâtre de Ménilmontant

Publié le 16/10/2017 par Tony Comédie.

J’étais vendredi soir au Théâtre de Ménilmontant pour assister à une création française : la comédie musicale Chambre 113. On nous promet des “influences Broadway”. Pari tenu ?

Quelle drôle d’idée que la création d’une comédie musicale dont l’action se déroule dans un hôpital… Si j’étais producteur, j’aurais craint que le thème ne rebute le public. Heureusement, je ne suis pas producteur, et Alexandre Piot est bien plus audacieux que moi.

C’est donc dans un hôpital qu’évoluent les personnages de ce drame musical. A la suite d’un accident, Mathilde (Cloé Horry) se retrouve dans le coma. Son compagnon Julien (Fred Colas), bouleversé par l’événement, veille au chevet de Mathilde et tente de garder espoir. Au fil des mois, il se lie d’amitié avec deux infirmières : Natacha (Noémie François) et Roseline (Hélène Hardouin), dont la joie de vivre et la bienveillance compensent la mégalomanie du Docteur Grinsky (Emmanuel Quatra).

Trêve de suspense, les influences “Broadway” sont bien présentes, que ce soit dans le style musical ou dans la construction des dialogues. Deux musiciens (batteur et pianiste), présents en fond de scène, interprètent en live la partition de Claire-Marie Systchenko. Comme dans tout bon musical anglo-saxon, certaines chansons sont reprises plusieurs fois et la partition fait la part belle aux underscores. Quelques chorégraphies typiquement “Broadway” ponctuent le spectacle pour notre plus grand plaisir.

La mise en scène de Vincent Vittoz est de qualité. Un jeu de panneaux verticaux sur roulettes permet de définir les espaces. Immaculés blanc, ces éléments de décor instaurent une ambiance clinique qui sied parfaitement à la pièce.

La vraie bonne idée de mise en scène est d’avoir dédoublé le personnage de Mathilde, dont le corps est constamment présent sur le lit d’hôpital, mais dont l’esprit, interprété par l’excellente Cloé Horry, se déplace, observe et commente les situations.

Mais malgré de nombreux éléments objectivement positifs, je n’ai pourtant pas adhéré à la proposition. Le cadre médical y est certainement pour quelque chose, mais ce n’est pas le seul élément qui m’a dérangé.

Le rôle du Docteur Grinsky aurait pu être écrit différemment. Contrairement au personnage, un médecin n’argumente pas et s’énerve peu. Un Dr Grinsky calme, distant et posé aurait été beaucoup plus efficace, car d’une part il aurait gagné en crédibilité et d’autre part les scènes de mégalomanie chantées aurait été beaucoup plus drôles, du fait d’un contraste plus important avec les scènes sérieuses.

Enfin, et cela est dû au choix du sujet, la situation narrative n’évolue pas. Les personnages comme le public attendent pendant tout le spectacle au mieux le réveil au pire la mort de Mathilde. Cette attente est certes un prétexte à de plaisants numéros chantés et dansés, mais l’histoire n’avance pas. L’émotion n’est pas présente non plus. J’attendais que le personnage de Julien regrette par exemple de ne pas avoir été assez présent pour sa femme ou de ne pas avoir fait telle ou telle chose, mais ces scènes n’arrivent pas.

Bref, je n’ai personnellement pas accroché, mais il faut dire que sujet de la pièce était casse-gueule. Je me dois malgré tout de saluer l’initiative de proposer à Paris une pièce musicale avec musiciens en live. Rien que pour ça, merci, car mes oreilles ont beaucoup apprécié !

La comédie musicale Chambre 113 est jouée jusqu’au 30 décembre 2017 au Théâtre de Ménilmontant (Paris).

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